L’histoire du château

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Au XIIème siècle la paroisse d’Hémevez était en grande partie sous l’autorité des Templiers. L’origine des bâtiments à vocation agricole remonte à cette époque, sous le sceau de la famille Chiffrevast. Procès et donations auront vu passer le domaine aux ordres des Hospitaliers puis successivement aux mains de nobles laics.

Des agrandissements sont entrepris aux XVème et XVIème siècles dont il subsiste encore un ravissant porche et une charreterie Renaissance à l’entrée du manoir (actuellement le gîte).

La construction de ce que nous appelons aujourd'hui le château débute aux XVIIème et XVIIIème siècles. L’ensemble a été remanié en 1850 par la famille de Flers, laissant une empreinte haussmannienne à la propriété : Installation d’un chauffage central, construction d’une chapelle et d’un somptueux vestibule à l’escalier en pierre de taille… tout le confort moderne pour une grande demeure normande !

La Seconde Guerre éclate en 1939. Hémevez subit l’occupation allemande et sert de “kommandantur”. Le château accueillit de nombreux régiments d’infanterie : «une section de transmission, de cyclistes chasseurs de chars. Mais aussi le 11e état-major du génie de forteresse, chargé avec ses unités de construction et d’édifications bétonnées, ainsi qu’une unité de géologues militaires, chargés des études de terrain préalables aux projets de constructions sur la côte.» Des casemates de surveillance furent bâties à l’entrée du domaine. Les vestiges de 5 « Blockhaus » sont toujours visibles dans le parc. Malheureusement, l’armée a rasé le haut de la tour templière pour y installer une défense antiaérienne (FLAC).

Abandonné à la libération, le château a été vandalisé, méticuleusement dépouillé de ses nombreux meubles et objets : mais c’est surtout sa mémoire qui s’est vue profannée.

Dans une petite pièce servant de jonction avec un bâtiment du XIXème, mon père découvrit par terre un tapis de pages très abîmées, maltraitées par le vent et l’humidité : «Je me suis rendu compte que certaines, en vélin, dataient du XIIe, XIIIe, XIVe siècles… Toutes portaient des cachets de cire. Extraordinaire…». Elles appartiennent au chartrier d’Hémevez (183 habitants), nourri pendant huit cents ans de comptes-rendus de procès, rentes, droits de propriété, quittances, correspondances, partages de succession… rédigés par les cinq familles qui se sont succédées à la tête de la seigneurie. Certains documents sont frappés de sceaux prestigieux, d’autres affichent des enluminures. Un acte, par lequel Guillaume Cadot est fait sieur de Saint-Michel, est même signé de la main de Louis XIII ! Ces derniers documents ont malheureusement été volés.

C’est aujourd’hui une investigation de longue haleine entreprise par Jean-Marc Joly, notre maire et président de l’association pour la sauvegarde du patrimoine d’Hémevez, que de retrouver ces pièces disséminées pour certaines jusqu’en Turquie ou au Royaume-Uni, afin de les restituer aux archives de la Manche.

En attendant de découvrir d’autres trésors, nous nous attelons en famille à la restauration générale, doucement, sûrement et passionnément !